Adieu, Judith Miller !
C’est avec un grand chagrin que nous avons appris le décès de Judith Miller dans la nuit du 7 décembre.
Judith Miller a été le moteur de la fondation du Groupe du Champ freudien en Bulgarie. Dès 1998, elle nous a soutenus dans nos émois et nos recherches. Elle est venue à notre rencontre là où nous avions des questions et un désir de changement. Elle était inlassable, toujours disponible, à la fois attentive et rigoureuse, son désir étant contagieux. JudithaimaitSofia et nousdisaitsouvent quec’estunebelleville.Elle a donné à Roussé, la seconde commune où notre groupe s’est développé, le joli nom de « Capitale psychanalytique de Danube ».Judith a inspiré le premier laboratoire du CIEN en Bulgarie, ’’Grandir sans parents’’, mais aussi, sans relâche à nos côtés, toujours avec nous, elle nous a accompagnés tout au long du deuxième laboratoire : ’’L’enfant et ses symptômes’’. Elle a créé des ponts invisibles, mais d’une solidité remarquable entre nous et de nombreux collègues venant de différents endroits et groupes de la communauté psychanalytique.Sans même s’en apercevoir,nous sommes devenus membrede la grande famille des laboratoires du CIEN dans lesquels aujourd’hui on continue à être accueilli par les paroles chaleureuses de Judith et nous nous sentons toujours les bienvenus. Judithnousencourageaitàtraduire, à publier, à créer notre Société Bulgare de Psychanalyse Lacanienne. Après des décennies de rejet de la psychanalyse en Bulgarie, nous avons pu voir Judith intervenir sous le titre de « La psychanalyse : pourquoi et comment » dans l’amphithéâtre principal de l’Université de Sofia. Cet événement a introduit le cycle de conférences publiques, organisées par notre groupe. Elle nous a encouragé à tenir un Séminaire du Champ freudien en Bulgarie et nous a aidé à le faire. Elle a établi pour nous un dispositif de stages dans des institutions en France et en Belgique orientées par la psychanalyse lacanienne. Elle organisait nos voyages et notre participation aux Journées de l’ECF, ainsi qu’aux congrès de Pipol etde la NLS. Elle prenait soin des petits détails qui rendaient notre voyage possible. C’était très émouvant de rencontrer des collègues du réseau psychanalytique qu’elle avait fondé et qu’elle inspirait sans cesse avec énergie et vivacité. Tous ces collègues nous accueillaient avechospitalité et intérêt du fait que Judith leur avait parlé de nous et de notre désir. Chacun de nous a eu sa propre et inoubliable rencontre avec Judith. Le chemin de chacun a été marqué par son désir et sa modestie exceptionnelle.
En 2005, à L’Université de Sofia, Judith termine son cours sur le thème ’’La psychanalyse : pourquoi et comment’’avec des mots qui ont fait trace au cheminement et au développement de notre groupe et qui font que Judith continue à vivre pour chacun de nous: „C’est tout un programme de lectures, de réflexions et de discussions que je vous ai proposé. J’espère vous avoir fait entendre pourquoi je disais pour commencer que mon propos de ce soir n’a de sens que du fait que des collègues sont ici, en Bulgarie, sur le tas du travail clinique, et disposés, bien que surchargés par ce travail, à prendre la suite de ce cycle de conférences à l’Université, dont je me réjouis que grâce à eux et elles, il puisse avoir quelque conséquence. Ce que j’appelle ici conséquence n’est pas une conception du monde, une Weltanshaung, mais une éthique, un choix de position subjective à tenir, une place à prendre à l’égard de la souffrance et aux difficultés que chacun peut rencontrer et exprime à sa manière par ses symptômes. Cette position est un choix qui s’inscrit dans une logique, un lien social, un discours, comme le nomme Jacques Lacan.’’
Le 9 décembre, les VIIèmes Journées cliniques de la Société Bulgare de Psychanalyse Lacanienne et de la NLS à Sofia ont commencé par l’évocation des souvenirs les plus intimes que nous gardions de Judith Miller, des souvenirs que chacun de nous préserve comme des trésors qui illuminent notre subjectivité et le lien avec la psychanalyse lacanienne.
Vessela Banova pour la Société Bulgare de Psychanalyse Lacanienne